La nomination de Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement de Michel Barnier marque un tournant potentiel dans la politique migratoire française. Connu pour ses positions fermes sur l’immigration et ses critiques envers l’Algérie, Retailleau pourrait bien remettre en question les accords franco-algériens de 1968.
Un choix qui fait écho à l’extrême droite
La désignation de Retailleau au poste clé de l’Intérieur a été accueillie favorablement par le Rassemblement National (RN). Jérôme Sainte-Marie, haut responsable du RN, a déclaré sur BFMTV : « Il a des positions qui correspondent aux demandes des deux tiers des Français sur le sujet (de l’immigration) ».
Cette nomination soulève des inquiétudes quant à un possible durcissement de la politique migratoire française. Retailleau, issu de l’aile la plus à droite des Républicains, a un passé politique marqué par sa proximité avec des figures souverainistes comme Philippe de Villiers.
Une vision stricte de l’immigration
Retailleau s’est illustré par des prises de position controversées, notamment lors des émeutes de juin 2023 suivant la mort de Nahel. Il avait alors évoqué une « régression vers les origines ethniques » dans les banlieues, appelant à une « reconquête régalienne de tous ces territoires perdus de la République Française ».
En mai 2023, aux côtés d’Eric Ciotti et Olivier Marleix, Retailleau a plaidé pour une loi immigration plus stricte, incluant la révocation de l’accord franco-algérien sur l’immigration de 1968. Il a notamment déclaré : « Nous voulons permettre la tenue d’un référendum sur la politique migratoire ».
Les accords franco-algériens de 1968 dans le viseur
La position de Retailleau sur les relations franco-algériennes est particulièrement scrutée. Il s’est montré hostile aux initiatives de rapprochement mémoriel avec l’Algérie, critiquant vivement la démarche d’Emmanuel Macron en ce sens.
Le 26 juin 2023, Retailleau a franchi un pas supplémentaire en déposant au Sénat une proposition de résolution visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968 sur l’immigration. Dans l’exposé des motifs, il affirme : « Le comportement de l’Algérie est aujourd’hui un obstacle à la nécessité d’arrêter l’immigration de masse vers la France ; il n’y a aucune raison que nous demeurions passifs face à un État aussi peu coopératif ».
Cette démarche laisse présager un possible bras de fer avec l’Algérie sur la question migratoire. Retailleau semble exclure toute renégociation, préconisant une « dénonciation unilatérale de cet accord par les autorités françaises ».
La nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur marque donc un tournant potentiel dans la politique migratoire française. Reste à voir comment ces positions se traduiront concrètement dans l’action gouvernementale et quelles seront les répercussions sur les relations franco-algériennes.