Algérie | Le 17 octobre 2024 marque un tournant dans la reconnaissance officielle d’un chapitre sombre de l’histoire franco-algérienne. Le président Emmanuel Macron a rendu un hommage solennel aux Algériens tués lors des manifestations pour l’indépendance de l’Algérie à Paris en 1961, qualifiant ces événements de « faits inexcusables » pour la République française.
Cette commémoration intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, notamment en raison du soutien français au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Le geste de Macron semble être une main tendue vers son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, à l’approche d’une visite présidentielle au Maroc prévue fin octobre.
Les événements du 17 octobre 1961, longtemps occultés dans l’histoire officielle française, ont vu une répression brutale de manifestants algériens pacifiques sous l’autorité du préfet Maurice Papon. « La France se souvient des morts, des blessés, des victimes », a déclaré Macron, soulignant l’importance de faire face à cette mémoire douloureuse pour construire un avenir commun apaisé.
Le bilan humain de cette répression reste sujet à débat. Les estimations varient entre 300 et 400 victimes, dont beaucoup auraient été jetées dans la Seine. La reconnaissance de Macron marque une étape importante dans le processus de réconciliation mémorielle, bien que certains acteurs de la société civile, comme la Ligue des droits de l’Homme (LDH), appellent à aller plus loin.
En effet, la LDH a profité de cette commémoration pour demander une reconnaissance officielle du massacre du 17 octobre comme un « crime d’État ». L’organisation a également appelé à un rassemblement symbolique sur le Pont Saint-Michel, lieu emblématique des événements tragiques de 1961.
Cette démarche mémorielle s’inscrit dans un contexte plus large de relations franco-algériennes complexes. L’histoire coloniale continue de peser sur les échanges diplomatiques entre les deux pays. La question du Sahara occidental, où la France soutient la position marocaine tandis que l’Algérie appuie le Front Polisario, reste une source de tensions géopolitiques en Afrique du Nord.
La reconnaissance des « massacres inexcusables » du 17 octobre 1961 par Emmanuel Macron représente un pas significatif vers une lecture plus honnête de l’histoire partagée entre la France et l’Algérie. Cependant, elle soulève également des questions sur les prochaines étapes nécessaires pour une véritable réconciliation entre les deux nations.