France | Bruno Retailleau, fraîchement nommé ministre de l’Intérieur français, n’a pas tardé à dévoiler sa vision d’une politique migratoire restrictive. Quelques heures seulement après sa prise de fonction à la Place Beauvau, il s’est exprimé sur le plateau du journal de 20h de TF1, esquissant les contours d’une approche ferme en matière d’immigration.
« Je vais réunir les 10 préfets des départements où il y a le plus de désordre migratoire pour leur demander d’expulser plus et régulariser moins », a déclaré Retailleau, confirmant ainsi sa réputation de faucon au sein de la droite française sur les questions migratoires. Cette annonce marque une rupture nette avec la politique de son prédécesseur, Gérald Darmanin, dont les positions sur l’immigration avaient déjà été jugées controversées par certains observateurs.
La nomination de Retailleau à ce poste clé soulève des interrogations sur l’avenir de l’accord franco-algérien de 1968, un sujet brûlant dans le débat sur l’immigration en France. Interrogé sur la possibilité d’abroger cet accord, comme le réclament la droite et l’extrême-droite, Retailleau a fait preuve de prudence diplomatique.
« C’est ma position (supprimer l’accord de 1968), mais je ne suis pas ministre des Affaires étrangères », a-t-il répondu, suggérant que la décision finale ne relève pas de ses prérogatives directes. Cette réponse nuancée contraste avec ses déclarations antérieures, notamment lors d’un entretien à Radio J en juin 2023, où il semblait prêt à risquer un incident diplomatique avec l’Algérie pour abroger cet accord.
Le nouveau ministre prône une approche régionale pour gérer les flux migratoires. « Il faut faire des accords avec les pays du Maghreb pour qu’il puisse y avoir une rétention de l’immigration », a-t-il affirmé, citant en exemple les accords conclus par l’Italie avec la Tunisie et l’Égypte pour endiguer l’immigration illégale.
Il est important de noter que la position de Retailleau sur l’accord de 1968 s’inscrit dans un contexte politique plus large. En décembre 2023, une résolution proposée par des députés Les Républicains (LR), le parti dont est issu Retailleau, visant à abroger unilatéralement cet accord, a été rejetée par l’Assemblée nationale française.
La nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur dans le gouvernement de Michel Barnier marque donc un virage potentiellement significatif dans la politique migratoire française. Ses premières déclarations laissent présager une approche plus restrictive, tout en soulevant des questions sur la gestion des relations diplomatiques, notamment avec l’Algérie.