Monde | L’onde de choc se propage dans la Grosse Pomme. Eric Adams, le charismatique maire de New York, se trouve au cœur d’un scandale sans précédent qui pourrait lui coûter jusqu’à 45 ans de prison. Ce jeudi 26 septembre, les New-Yorkais se sont réveillés avec la nouvelle d’une perquisition menée à l’aube au domicile du maire, prélude à l’annonce officielle de son inculpation par le parquet fédéral de Manhattan.
Cette inculpation, une première dans l’histoire de la ville, porte sur le financement de la campagne victorieuse d’Adams en 2021. Le New York Times a révélé mercredi soir que le maire faisait l’objet d’une enquête approfondie, mettant en lumière des irrégularités présumées dans la collecte de fonds pour sa campagne.
Ce développement spectaculaire fragilise davantage la position d’Eric Adams, ancien capitaine de police afro-américain qui avait conquis la mairie de la plus grande ville des États-Unis en 2021. Élu sur des promesses de sécurité renforcée, Adams a vu sa popularité s’effriter au fil de son mandat, tandis que les affaires impliquant son administration se sont multipliées.
L’impact de cette affaire se fait déjà sentir dans les rues de New York. Bartholomew Bland, un électeur déçu, confie en traversant la gare de Grand Central : « J’ai voté pour lui parce que c’était un ancien policier, je pensais que la ville en avait besoin. Et je trouvais qu’avoir un maire noir était très positif après le mouvement Black Lives Matter. Mais c’est une déception. Il doit démissionner. »
Face à ces accusations, Eric Adams maintient sa position. « Je suis innocent », a-t-il déclaré mercredi soir. « J’ai toujours su que si je défendais les intérêts des New-Yorkais, je serais une cible – et je le suis devenu », a-t-il ajouté, promettant de se battre « avec toute [sa] force et [son] esprit » s’il était inculpé.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large d’enquêtes fédérales visant le maire et son entourage. Au moins quatre investigations sont en cours, dont trois menées par le parquet de Manhattan. Ces derniers jours, plusieurs proches collaborateurs d’Adams ont démissionné, ajoutant à la pression qui pèse sur l’administration municipale.
L’ombre de la Turquie plane sur cette affaire. Les enquêteurs s’intéressent particulièrement à des accusations de dons illégaux provenant de sociétés du BTP liées à Ankara. Des soupçons se portent notamment sur l’autorisation accordée à la Turquie pour la construction d’un imposant gratte-ciel face au siège de l’ONU, destiné à abriter la mission turque auprès des Nations unies et son consulat général.
À quarante jours de l’élection présidentielle opposant Kamala Harris au républicain Donald Trump, ce scandale risque d’embarrasser sérieusement le camp démocrate. Doug Muzzio, analyste politique new-yorkais, souligne les implications potentielles : « Les Républicains peuvent dire : regardez, c’est la plus grande ville des États-Unis, elle est gérée par les démocrates, et il y a des raisons de croire que la corruption y est généralisée. »
Alors que New York retient son souffle, l’avenir politique d’Eric Adams semble plus incertain que jamais. Cette affaire pourrait non seulement mettre fin à sa carrière, mais aussi redessiner le paysage politique de la ville la plus emblématique des États-Unis.