Le Sahara algérien a connu deux phénomènes météorologiques rares et spectaculaires en l’espace de quelques mois. Des pluies torrentielles ont d’abord transformé le désert en prairies verdoyantes à l’automne 2024, avant que des chutes de neige ne recouvrent les dunes de blanc en ce début d’année 2025. Ces événements climatiques exceptionnels témoignent des bouleversements météorologiques que connaît la région.
Des pluies diluviennes transforment le désert en oasis
À l’automne 2024, le Sahara algérien a connu un épisode de précipitations sans précédent. Les agences météorologiques avaient prévu ce phénomène extrême, avec des prévisions allant de 70 à 300 millimètres de pluie, soit 500 fois plus que la normale saisonnière. Ces prédictions se sont avérées exactes, provoquant des crues impressionnantes dans quasiment toutes les wilayas du Sud.
À Béchar, un barrage s’est rempli en quelques jours seulement. Les médias et réseaux sociaux ont largement relayé des images spectaculaires montrant des zones arides transformées en vastes prairies verdoyantes en l’espace de quelques semaines. Cet épisode pluvieux exceptionnel a malheureusement aussi eu des conséquences dramatiques, déclenchant une épidémie de malaria et de diphtérie dans certaines régions de l’extrême-sud comme In Guezzam, Bordj Badji Mokhtar et Tamanrasset.
La neige recouvre les dunes du Sahara
Après les pluies diluviennes de l’automne, c’est un autre phénomène rare qui s’est produit dans le Sahara algérien en ce début d’année 2025 : des chutes de neige ont recouvert de blanc les dunes de sable. Ce spectacle insolite a notamment été observé à Aïn Sefra, dans le Sud-Ouest du pays, pour la deuxième année consécutive.
Le photographe algérien Karim Bouchetata a immortalisé ces paysages féeriques le jour du Nouvel An. Ses clichés montrant des dunes de sable et des oasis blanchies par la neige ont fait le tour du monde. Le photographe s’est même filmé en train de pratiquer des activités insolites comme l’équitation, le ski ou le kayak sur ces étendues de sable enneigées.
Un potentiel touristique à développer
Ces phénomènes météorologiques exceptionnels pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour le tourisme dans la région. La zone offre déjà de nombreux circuits touristiques entre Boussemghoun et Brezina, permettant de visiter des ksours, des gravures rupestres et des zaouïas. Le ski sur sable y était déjà pratiqué, et le ski sur neige pourrait désormais s’y ajouter de manière épisodique.
Karim Bouchetata souligne le potentiel touristique exceptionnel de la région : « À Tiout, les visiteurs peuvent admirer le plus grand tableau de gravures rupestres en Afrique. À Brezina, ils peuvent visiter les magnifiques montagnes d’El Gour et 250 km au Sud, il y a les dunes de sables de Aïn Sefra. C’est un circuit touristique où une journée, on peut admirer les montagnes, voir des gravures rupestres et faire du ski ou du kayak à Aïn Sefra, sans se ruiner bien sûr« .
Un changement dans les habitudes touristiques
Le photographe note également une évolution dans les pratiques touristiques des Algériens depuis la crise du Covid-19 : « Les Algériens ont repris le contact avec la nature. Ils découvrent de nouveaux sites touristiques pour faire du bivouac, du kayak entre les dunes de sable, du ski sur les dunes. Ce phénomène a pris de l’ampleur après la crise du Covid-19« .
Ces événements climatiques exceptionnels, bien que spectaculaires, soulèvent également des questions sur l’impact du changement climatique dans la région. Les conditions climatiques extrêmes observées récemment, allant de températures glaciales à des vagues de chaleur intenses, témoignent de la vulnérabilité du Sahara algérien face aux bouleversements météorologiques.
Des défis pour l’avenir
Face à ces phénomènes inhabituels, les autorités algériennes devront relever de nouveaux défis. La gestion des tempêtes de sable dans le sud du pays, ainsi que l’adaptation des infrastructures aux variations climatiques extrêmes, seront des enjeux majeurs pour les années à venir.
Par ailleurs, ces événements pourraient avoir des répercussions sur l’économie de la région. L’augmentation récente de deux taxes sur le chiffre d’affaires des entreprises en Algérie pourrait impacter le développement économique local, notamment dans le secteur touristique émergent.
Enfin, la gestion du territoire sera un enjeu crucial. À titre d’exemple, la récente récupération de 41 hectares de terrains industriels à Bordj Bou Arreridj illustre les efforts du gouvernement pour optimiser l’utilisation des ressources foncières, un aspect qui pourrait s’avérer crucial dans l’adaptation aux changements climatiques dans le Sahara algérien.